Innovation : et si les salariés en payaient le prix fort ?
L’innovation technologique est souvent présentée comme une opportunité majeure pour les entreprises et les salariés. Pourtant, pour les salariés, elle peut aussi rimer avec surcharge de travail, obsolescence des compétences et précarisation. Selon une étude de BCG datant de juin 2024*, 49 % des utilisateurs réguliers d’IA générative pensent que leur emploi pourrait disparaître d’ici les 10 prochaines années à cause de l’IA.
L’innovation, à quel prix ? Les entreprises investissent massivement dans l’IA ou les outils de data analysis, mais oublient souvent d’accompagner leurs salariés dans ces transitions. Résultat :
- Des formations insuffisantes : seuls 20% des salariés ont accès à des formations certifiantes sur les nouvelles technologies.
- Une charge mentale accrue : les salariés doivent maîtriser de nouveaux outils sans toujours avoir le temps ou les ressources pour le faire.
- Un risque de déclassement : certains métiers salariés pourraient disparaître ou se transformer radicalement, sans garantie de reconversion.
Quels droits pour les salariés face à l’innovation ? Le Code du travail et les accords d’entreprise doivent protéger les salariés contre les dérives de l’innovation :
- Droit à la formation : tout salarié a droit à des formations pour s’adapter aux évolutions de son poste (article L6321-1 du Code du travail**).
- Droit à l’information : l’employeur doit informer et consulter les représentants du personnel avant toute introduction de nouvelles technologies.
- Droit au refus : un salarié peut refuser une tâche si elle met en danger sa santé ou ses compétences, à condition de proposer des alternatives.
Le SNE-CGC réaffirme sa position : nous exigeons une innovation responsable. Nous ne sommes pas contre le progrès, mais nous refusons qu’il se fasse au détriment des salariés. Le SNE-CGC demande :
- Des plans de formation ambitieux, financés par les entreprises et les OPCO (Opérateurs de Compétences : organismes ayant pour mission d’accompagner la formation professionnelle).
- Des négociations sur la charge de travail liée aux nouveaux outils, dans le cadre des accords QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail).
L’innovation doit être un levier, pas une menace. Le SNE-CGC accompagne les salariés pour faire de l’innovation une opportunité, et non une source d’angoisse. Parce qu’un salarié formé et épanoui, c’est une entreprise plus performante et plus humaine.
Article de Martin Bauer, Secrétaire Général du SNE-CGC
* étude du Boston Consulting Group accessible : https://www.bcg.com/press/26june2024-ia-generative-au-travail-amie-ou-ennemie-des-salaries?
** https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000049049416
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