Droit de vote des femmes

Rédigé le 04/05/2025

Droit de vote : « il est important de se souvenir que les femmes se sont battues pour l'obtenir »

Le 29 avril 1945, les citoyennes françaises votaient pour la première fois. Retour sur leur long combat pour obtenir le droit de vote et d’être éligible, avec Mathilde Larrère, enseignante-chercheuse à l’université Gustave Eiffel et historienne spécialiste de l’histoire des révolutions du XIXe siècle et des luttes.

 

Le 21 avril 1944, le Général de Gaulle signe l’ordonnance portant organisation des pouvoirs publics. Son article 17 marque un tournant majeur en affirmant que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. » Un an plus tard, le 29 avril 1945, elles votaient pour la première fois.

Pour Mathilde Larrère, enseignante-chercheuse à l’université Gustave Eiffel et historienne spécialiste de l’histoire des révolutions du XIXe siècle et des luttes, ce droit à la citoyenneté est le fruit d’un long combat des femmes contre des représentations sexistes - un combat dont il faut se souvenir.

De la période de la Révolution française jusqu’aux années 1880, le droit de vote n’est pas la revendication première des femmes. Olympe de Gouges ou encore Jeanne Deroin, Pauline Roland, Eugénie Niboyet le réclament, certes, mais en même temps que d’autres droits, comme le droit à l’éducation, le droit au divorce, le droit d’entrer dans l’armée et la Garde nationale, et, après 1804, les droits civils supprimés par le Code Napoléon.

Dans les années 1880, sous l’impulsion d’Hubertine Auclert, les féministes considèrent le droit de vote comme la clé de voûte de tous les droits. Cette revendication, portée par les suffragistes, devient ainsi centrale. Le mouvement marquera une pause pendant la Première Guerre mondiale, mais reprend de plus belle dans l’entre-deux-guerres. Le combat pour le droit de vote des femmes est un parcours de longue haleine ! 

Il existe d’abord un fond sexiste très tenace dans la société et parmi les hommes au pouvoir qui pensent que la place des femmes est aux fourneaux et aux berceaux, pas dans les bureaux de vote. Un sénateur, en 1919, résumait bien cette mentalité en disant : « les mains des femmes ne sont pas faites pour mettre un bulletin dans l’urne, mais pour être baisées ».

Beaucoup pensaient que les femmes ne se déplaceraient pas pour voter. La première surprise a été leur forte participation. Tous les articles saluent cet engagement avec enthousiasme, tant on était convaincu que les femmes ne s’intéressaient pas à la chose publique.
La presse est aussi surprise que « cela se passe bien », que les femmes soient capables de voter, de mettre un bulletin dans une enveloppe et de le déposer dans l’urne. Cela révèle les représentations qu’on avait de leur prétendue incapacité.
 
Les journaux cherchent également à rassurer leur lectorat masculin en leur disant que le vote ne va pas masculiniser les femmes. On insiste sur le fait qu’elles votent après avoir fait les courses, ou avant de retourner en cuisine. L’ordre des sexes ne serait pas bouleversé par l’obtention de ce droit.

21 avril 1944 – les Françaises obtiennent le droit de vote. Le 21 avril, une ordonnance signée par le général de Gaulle reconnaît enfin le droit de vote et d’éligibilité des femmes.

29 avril 1945 – 33 femmes sont élues à l’Assemblée constituante. Au cours des élections municipales, les Françaises se rendent pour la première fois aux urnes. Quelques mois plus tard, 33 d’entre elles sont élues à l’Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle Constitution.