La Retraite Progressive

Rédigé le 26/07/2025

Pour les pouvoirs publics, grâce à une emploi à temps partiel, la retraite progressive encourage la prolongation d’activité rémunérée, en facilitant la transition entre emploi et retraite. D’autre part, la retraite progressive est une alternative au cumul emploi retraite à partir de l’ouverture du droit à la retraite.

La réforme de 2023 ouvre le droit à la retraite progressive dans tous les régimes de retraite, avec des modalités particulières pour les non-salariés.

Un accord entre partenaires sociaux sur le maintien en emploi des séniors signé en novembre 2024 demande la retraite progressive dès 60 ans. Le gouvernement vient enfin de signer un décret transcrivant dans le code de la sécurité sociale les 60 ans à partir du 1er septembre 2025.
Cette avancée bénéficie aussi à tous les fonctionnaires.


la retraite progressive possible dès 60 ans à partir du 1er septembre 2025 (décret 2025-681 paru au JO du 23 juillet 2025)


Bon à savoir :

Droit à la retraite progressive pour les employés sous forfait jours

En février 2021, le Conseil Constitutionnel a estimé que la distinction entre les employés dont le temps de travail est comptabilisé en heures et ceux dont l'activité est évaluée en jours viole le principe d'égalité. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 (LFSS) prend en compte cette décision et étend le droit à la retraite progressive aux salariés au forfait jours, à partir de janvier 2022.


 


Une liquidation provisoire de la retraite 

Le montant de la retraite progressive est temporaire. La pension sera réévaluée au moment du départ définitif à la retraite. L'assuré social continue d'accumuler des droits. Les cotisations versées après le début de la retraite progressive sont prises en compte pour le calcul de la pension intégrale, qui ne peut pas être inférieure à celle qui a servi de référence pour la retraite progressive. Avec l'accord de l'employeur, il est possible de cotiser sur la base d'un temps plein pour la retraite.


Les conditions à remplir 

La demande auprès de l'employeur doit être formulée par courrier recommandé avec accusé de réception, au moins deux mois avant la date souhaitée pour l'entrée en vigueur. L'employeur dispose également de deux mois pour répondre par courrier recommandé.

La réforme des retraites de 2023 encadre les conditions de refus de l'employeur concernant un passage à temps partiel pour une retraite progressive. Si le salarié a atteint l'âge requis pour bénéficier de cette retraite, l'employeur ne peut refuser la demande de passage à temps partiel (ou à temps réduit pour les salariés au forfait jours) que si la durée de travail demandée est considérée comme « incompatible avec l’activité économique de l’entreprise ». L'employeur doit justifier son refus par écrit, permettant au salarié de contester cette décision s'il la juge infondée.

Pour bénéficier du droit à la retraite progressive, les conditions suivantes doivent être remplies :

  • Avant septembre 2025 : avoir « atteint l'âge légal de départ à la retraite moins deux ans » ;
  • À partir du 1er septembre 2025 : avoir 60 ans ;
  • Avoir validé une durée d'assurance et des périodes équivalentes « à 150 trimestres au régime général et, le cas échéant, dans un ou plusieurs autres régimes obligatoires », incluant les régimes spéciaux de retraite ;
  • Avoir un contrat de travail à temps partiel basé sur des heures ou un temps réduit basé sur des jours, avec une durée de travail comprise entre 40 % et 80 % d'un temps plein. Ce contrat peut avoir une durée inférieure aux 24 heures légales d'un temps plein.

Par exemple, pour une durée légale de travail de 35 heures hebdomadaires dans l'entreprise, le temps partiel ouvrant droit à la retraite progressive doit être d'au moins 14 heures (40 %) et d'au plus 28 heures (80 %).

Pour une durée déterminée en jours, le temps réduit sera comparé à une durée maximale de 218 jours par an, soit entre 88 jours (40 %) et 174 jours (80 %).

Il est possible de poursuivre une activité bénévole, non rémunérée et sans affiliation à un régime obligatoire de sécurité sociale, en parallèle d'un emploi à temps partiel donnant droit à la retraite progressive.

En revanche, le droit à la retraite progressive n'est pas accessible :



Bon à savoir :

Demander sa retraite progressive dans tous les régimes de retraite

Le service officiel Info-retraite.fr propose un service « Demander ma retraite progressive » dans son site. Il permet de la demander en une seule fois auprès de tous vos régimes de retraite. Il faut se connecter à son compte retraite.
Un décret instaure un formulaire unique de demande commun à tous les régimes de retraite.
Pour lire : 
Un service en ligne pour demander sa retraite progressive
Pour demander : J’accède à mon compte retraite


 


Montant de la retraite progressive 

Pour un seul employeur : La fraction de pension versée correspond à la différence entre 100 % et la proportion de travail à temps partiel par rapport à un emploi à temps complet dans l'entreprise. Cependant, cette proportion ne peut être inférieure à 40 % ni supérieure à 80 %. Par exemple, si le travail à temps partiel représente 50 %, la pension sera également de 50 %.

À titre d'illustration, pour un salarié travaillant 25 heures par semaine dans une entreprise où la durée légale est de 35 heures :

  • La proportion de travail est : 25/35 x 100 = 71,4285, arrondie à 71 % ;
  • Ainsi, le pourcentage de fractionnement à appliquer sur le montant total de la retraite progressive sera : 100 - 71 = 29 %.

Pour un salarié au forfait jours avec un emploi à temps réduit de 150 jours :

  • La proportion de travail à temps réduit est : 150/218 x 100 = 68,80 %, arrondie à 69 % ;
  • Par conséquent, la fraction de la retraite personnelle à verser sera de 100 - 69 = 31 %.

En dérogation aux règles de décote, le coefficient de minoration du taux plein ne peut dépasser 25 %.



Bon à savoir 

Cotiser à la retraite sur la base d'un temps plein 

Il est possible de continuer à cotiser pour la retraite sur la base d'un salaire à temps plein afin d'améliorer sa pension future (pour le régime de base et les complémentaires Agirc-Arrco). Ce dispositif nécessite un accord écrit entre le salarié concerné et son employeur.

Il convient de noter que le législateur a imposé une limite pour les cadres au forfait jours travaillant à temps réduit : leurs cotisations sont plafonnées à 1,7 fois le SMIC, tandis que le régime Agirc-Arrco ne prévoit pas de plafond.


 



Attention !

Suppression des indemnités journalières pour les salariés en retraite progressive malades

Un décret de 2021 a modifié le principe de l’indemnisation de la maladie, initialement valable pendant 360 jours, en limitant l'indemnisation pour les bénéficiaires d'une pension de retraite à 60 jours. Certaines caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) appliquent cette mesure à la retraite progressive, ce qui a parfois conduit à des demandes de remboursement.

Cependant, un tribunal judiciaire a statué différemment. Les juges ont estimé que la personne concernée ne reçoit qu'une « fraction de la pension provisoire », et ont jugé que « l’interprétation trop large du décret par la CPAM compromet le principe même des indemnités journalières » et que l'objectif de la retraite progressive n’est pas de décourager les individus de continuer à travailler en fin de carrière. En conséquence, la CPAM a été condamnée à verser des indemnités journalières au-delà des 60 jours.

Cette mesure a été officiellement abrogée depuis le 1er mai 2023.


 


Révision, suspension et suppression de la retraite progressive 

Il n'existe pas d'âge maximum pour bénéficier de la retraite progressive. Il est possible de demander sa retraite à la date souhaitée, à partir du moment où le droit est ouvert.

Révision. Le montant de la pension est révisé en cas de changement dans le temps de travail. La première révision a lieu à la date anniversaire du début de la retraite progressive, puis elle s'effectue le premier jour du mois suivant la modification. Il est important d'informer les régimes de retraite de ce changement. Le courrier devra justifier la nouvelle situation (contrats de travail et attestations de l'employeur ou des employeurs, comme pour une première demande, voir ci-dessous). Il n'y a pas de recalcul de la retraite : le montant initial est simplement proratisé en fonction du nouveau taux de travail.

Suspension. La caisse de retraite effectue un contrôle annuel du droit à la retraite progressive par le biais d'un questionnaire. En l'absence de réponse, le versement des prestations est suspendu. Si la durée de travail à temps partiel, comprise entre 40 et 80 %, n'est plus respectée, le versement est également suspendu. En cas de cessation du temps partiel, le versement sera suspendu en attendant une éventuelle reprise d'une activité à temps partiel.

Suppression. La retraite progressive peut être supprimée dans les cas suivants :

  • Si une demande de retraite définitive est faite ;
  • Si le salaire à temps partiel (ou à temps réduit) atteint ou dépasse celui perçu avant le passage à la retraite progressive, une mesure restrictive introduite par la réforme de 2023 ;
  • Si une activité à temps complet est reprise.

Lorsque l’on met fin complètement à son activité, il est nécessaire de demander la retraite complète. Celle-ci est liquidée selon les conditions de droit commun et prend en compte tous les trimestres validés, y compris ceux accumulés pendant la période de retraite progressive. En tout état de cause, le montant de la retraite complète ne peut être inférieur à la pension totale ayant servi de base au calcul de la fraction versée au titre de la retraite progressive, le cas échéant revalorisée


Demande de retraite progressive 

Avec la demande de retraite progressive, il faut joindre :

  • Le ou les contrats de travail à temps partiel ou à temps réduit appliqués à la date d’effet de la retraite progressive et/ou une attestation de la collectivité publique ;
  • Une déclaration sur l’honneur attestant qu’on n’exerce aucune autre activité professionnelle que celles faisant l’objet du contrat de travail à temps partiel ou à temps réduit et en apporter la preuve par tout moyen ;
  • Une attestation de chaque employeur concerné indiquant la durée du travail à temps complet ou à temps réduit applicable à l’entreprise, l’établissement ou la profession et faisant apparaître la durée du travail applicable ;
  • Les bulletins de paie des 12 derniers mois précédents la demande.


Attention !

Liquidation provisoire

Il est recommandé d’utiliser l’imprimé Cerfa spécial « retraite progressive » ou la demande en ligne.
Il est important de bien préciser dans la demande de liquidation qu’il s’agit de la retraite progressive, donc d’une liquidation provisoire. Dans le cas contraire, la caisse applique une liquidation normale avec versement de pension, mais celle-ci est définitive.

Le CERFA ICI


 


 Retraite progressive dans les régimes complémentaires

La retraite versée par les régimes complémentaires est fonction de la durée du temps partiel. Elle est réduite dans les mêmes proportions que le régime général.





Les liens utiles :

UNIR 

AGIRC ARRCO

L'assurance Retraite